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Quatre ans de prison, dont trois avec sursis, ont été requis, le 23novembre, au procès du fondateur et gérant de Lobster Films, qui conservait sous un immeuble des bobines de films hautement inflammables.
ParLaurent Carpentier
Temps de Lecture 3 min.
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Poursuivi pour homicides et blessures involontaires et pour mise en danger de la vie d’autrui, Serge Bromberg, fondateur et gérant de Lobster Films, société spécialisée dans la sauvegarde, la restauration et la distribution de films anciens, comparaissait, mardi22 et mercredi 23novembre, devant la 11e chambre correctionnelle de Créteil.
Dans la nuit du 10 au 11août2020, des centaines de bobines de cinéma au nitrate de cellulose (hautement inflammables et interdites de fabrication depuis 1952), qu’il stockait sans autorisation sous un immeuble de huit étages à Vincennes (Val-de-Marne), avaient pris feu, provoquant la mort de deux personnes.
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Quatre ans de prison, dont trois avec sursis, ont été requis par le parquet qui réclamait que le motif de la peine soit changé en homicide involontaire aggravé au motif que le prévenu savait pertinemment les risques encourus et aurait maintenu ces pratiques pour des raisons économiques, a jugé la procureure. Même s’il a plaidé la contrition tout au long des audiences («Je suis fautif», «J’ai été négligent», «C’est une erreur»), Serge Bromberg est resté droit comme un i dans sa chemise grise, dos au public, défendant sa position première: devant ce drame humain, «[il] n’[a] pas de mots», mais il n’a «jamais été question pour [lui] de conserver ces bobines. C’était un stock tampon en attendant qu’elles aillent au CNC [Centre national du cinéma et de l’image animée] qui, depuis des mois, ne me les [lui] prenait plus».
Aux questions précises du président Philippe Combettes et de ses deux assesseurs, chargés de juger de la culpabilité et de la peine, Serge Bromberg s’est efforcé de répondre:
«Avez-vous cherché d’autres sites?
– Je n’ai jamais envisagé autre chose que le CNC comme alternative.»
Mais, aux yeux des parties civiles, la sobriété apparaît comme de la froideur, le silence comme de l’orgueil, les rares explications comme des tentatives de détourner la culpabilité sur d’autres, et son professionnalisme, comme une circonstance aggravante. «Il savait les risques», répètent les avocates de la partie civile.
Parole des victimes
Dans la salle, la détresse est palpable à l’évocation de la façon dont un quinquagénaire, brûlé au troisième degré «sur 30% du corps», précise le président, a sauté du cinquième étage, heurtant l’échelle des pompiers, avant de s’écraser au sol. La sœur de la victime, prostrée, tient la main de son mari, sa jambe tremble comme une feuille. De même le rappel des derniers moments de Rachel S., 69ans, que les pompiers n’ont pu sauver et dont le corps sera retrouvé entièrement carbonisé, sa fille venant témoigner à la barre, agitant un double des clés comme le seul souvenir qu’il lui reste de sa mère. Le procès aura eu pour mérite de donner à entendre la parole des victimes. Pour certaines en attente de retrouver un logement, alors que l’immeuble de Vincennes est toujours en travaux. Traumatisées, toutes.
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